06/10/2025 reseauinternational.net  3min #292596

 Israël a commencé à effacer la ville de Gaza, dans un silence international inquiétant

Papa, quand il n'y aura plus de guerre ?

par Ilyes Bellagha

Face aux guerres qui se répètent et aux consciences qui s'éteignent, la question d'un enfant traverse le vacarme : «Papa, quand il n'y aura plus de guerre ?» C'est le cri d'une innocence que le monde adulte a trahie - celle qui pleure pour un chat perdu, s'indigne de l'injustice, et croit encore que l'amour peut empêcher la barbarie.

Il connaissait déjà la réponse, mais il refusait d'y croire.
Devant lui, il ne restait que ce monde d'adultes - fatigués, résignés, complices.
Et lui, l'enfant, savait déjà qu'un jour il leur ressemblerait.
Cette peur-là, plus que les bombes, le faisait trembler.

Sa façon de demander, sans trembler,
«Papa, quand il n'y aura plus de guerre ?»
c'était son dernier acte d'espérance,
sa prière à voix nue.
Dans son regard, il implorait l'humanité d'arrêter - avant que lui aussi ne devienne, comme ils disent,
un homme mûr,
celui sur qui repose la souffrance et l'indignité du monde.

Lui, l'enfant qui a mal pour un chat égaré,
aura-t-il oublié - plus tard - celui qu'il était, celui qui aidait, simplement,
contre le mal que ressent l'autre ?
Ou bien le monde lui aura-t-il appris
à détourner les yeux,
à nommer faiblesse ce qu'il appelait amour ?

Non, malgré leur jeune âge,
les enfants posent les vraies questions.
Pourquoi, en grandissant, les hommes perdent-ils cette innocence
et refusent-ils de la retrouver ?
La peur de l'autre n'est souvent que la peur de soi.
En prenant conscience de ce qui se manigance,
beaucoup choisissent la violence,
croyant se défendre,
alors qu'ils ne font que reproduire ce qu'ils redoutaient.

Devant les grandes causes,
ils choisissent le confort.
Ils oublient le chaton qu'ils avaient soigné,
celui qu'ils protégeaient avec des mains tremblantes mais sincères.
À force de vouloir sauver le monde,
ils ont cessé d'aimer ce qui le rendait encore humain.

Les causes, humainement, sont difficiles à ignorer.
Et pourtant, les adultes trouvent toujours les mots pour s'en détourner.
Ils disent - sans honte - que s'il y a des injustices,
c'est la faute de ceux qui les subissent.
Comme si souffrir était un crime,
et que l'innocence devait s'excuser d'exister.

Ce n'est pas la pauvreté qui crée les pauvres,
mais les pauvres, dit-on, qui nous imposent leur misère.
Si l'on spolie des terres,
c'est parce que leurs propriétaires ne les ont pas labourées.
Et j'ai même entendu, plus d'une fois,
que si une femme est violée,
c'est qu'elle a provoqué l'homme qui l'a désabusé.

Alors oui, je devrais m'arrêter,
avant qu'on ne me dise encore que je vois le mal partout.
Mais non.
Il reste la brise de la mer,
les fleurs sauvages des prés,
et surtout le regard d'un enfant qu'on croit naïf - un regard qui contient, à lui seul,
tout ce qu'on attend encore de l'humanité.

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